9340-6 - Yeuseraies acidiphiles à Asplénium fougère d'âne

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat représentatif de l’étage mésoméditerranéen sur roches siliceuses en Roussillon, Cévennes et Provence.
Apparaît dès 150 m-180 m d’altitude et peut se retrouver jusqu’à 800 m (lambeaux accrochés en adrets sur des zones rocailleuses).
Substrat siliceux donnant des altérites riches en éléments grossiers (limons, sables, graviers…).
Sols souvent peu épais et peu évolués du fait des conditions climatiques.

Variabilité

Variations géographiques :
- race provençale des Maures ;
- race cévenole et des régions voisines avec beaucoup d’espèces des forêts caducifoliées, et Piptatherum paradoxal (Piptatherum paradoxum) ;
- race des Pyrénées orientales, qu’il convient d’étudier avec plus de détails.

Variations avec l’altitude :
- forme basse (mésoméditerranéen inférieur et moyen) à Chêne pubescent correspondant à des conditions plus chaudes et humides avec présence d’espèces héliophiles et thermophiles : Salsepareille (Smilax aspera), Chèvrefeuille des Baléares (Lonicera implexa), Églantier toujours vert (Rosa sempervirens)… ;
- forme plus élevée (>300 m) ou de vallons frais, caractérisée par l’absence de ces espèces thermophiles et héliophiles.

Variations selon le degré de maturité :
- phase à Bruyère arborescente (Erica arborea) riche en petits ligneux ;
- phase à Houx avec des peuplements mâtures.

Variations édaphiques :
- elles restent à préciser.

Physionomie, structure

Fréquemment le Chêne vert est le seul arbre ; les houppiers sont jointifs mais les troncs restent éloignés (ceci surtout dans les peuplements âgés) ; dans la forme basse la strate arborescente est plus diversifiée. Le pin maritime, peu fréquent, figure quelle que soit l’altitude.
La strate arbustive est très variée, mais toujours clairsemée ; quelques espèces profitent du manque de lumière (Houx) ; d’autres présentent une vitalité réduite (Bruyère arborescente : Erica arborea).
Les espèces d’ombre sont avantagées (Garance voyageuse : Rubia peregrina, Lierre : Hedera helix, Luzule de Forster : Luzula forsteri…).

Confusions possibles

Avec les yeuseraies thermoméditerranéennes à Arisarum commun (Arisarum vulgare), situées à très faible altitude.

Dynamique

Cf. schéma cahier d'habitat

Habitats associés ou en contact

Ripisylves (UE : 92A0).
Châtaigneraies (UE : 9260).
Peuplements de Pin maritime (UE : 9540).
Chênaies pubescentes méditerranéennes ou supraméditerranéennes.
Landes à Bruyère et Genêt pileux.
Cistaie à Ciste de Montpellier.
Maquis à Erica scoparia, Erica arborea, Arbutus unedo.
Pelouses ouvertes à Tuberaria guttata.
Pelouses à Fétuque paniculée.
Dalles rocheuses (UE : 6110).
Habitats de rochers (UE : 8210).

Répartition géographique

En Provence : chaînons des Maures, Esterel.
Dans les Cévennes et sur le rebord du Massif central au sud- ouest (Montagne Noire…).
Dans les Pyrénées orientales (Albères, Conflent, Corbières).

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat répandu, représentatif de l’étage mésoméditerranéen sur silice au niveau du « continent » ; flore méditerranéenne représentative.
Présence de faciès avec espèces rares pour les régions : ex. en provence : Tilleul à feuilles cordées (Tilia cordata), Polystic à aiguillons (Polystichum aculeatum), en bord de ripisylve, Chêne sessile (Quercus petraea) (massif de Malavalette), Osmonde royale (Osmunda regalis) dans des vallons de l’Esterel…
Mosaïque d’habitat (forêt, maquis, cistaies, pelouses, rochers) du plus grand intérêt pour les niches ouvertes à de multiples espèces.

États de conservation

États à privilégier :
Futaie (très rare).
Taillis plus ou moins exploités.
Peuplements mélangés : chêne vert, pin maritime.

Autres états :
Maquis avec quelques rares chênes verts.

Tendances et menaces

Type d’habitat assez répandu sur l’ensemble de la région méditerranéenne siliceuse.
Taillis souvent entretenus par l’exploitation régulière : problème du vieillissement des souches dans les taillis exploités depuis des temps reculés.
Souffre des incendies.
Aire tendant cependant à augmenter par recolonisation d’espaces ouverts.

Potentialités intrinsèques de production

Exploitation des pins éventuellement présents en bois de trituration ou de caisserie.
Les bois de chêne des taillis sont commercialisables en bois de feu.
Les bois de chênes des éventuelles futaies ne semblent guère valorisables qu’en produits artisanaux.

Axes de recherche

Observations phytoécologiques nécessaires sur l’ensemble de l’aire.
Besoins de relevés floristiques sur les Pyrénées orientales lien avec les érablaies.
Expérimentation sur le maintien de la capacité à rejeter des taillis de chêne vert vieillis.
Expérimentations sur des traitements très peu pratiqués (taillis fureté, taillis sous futaie).
Expérimentations sur les différents modes d’exploitation du taillis pour préserver et rajeunir les souches.
Expérimentation sur la conduite de la régénération naturelle par voie sexuée des yeuseraies traitées en futaies.
Suivi des passages expérimentaux en futaie.
Étude de la dynamique évolutive ; étude de la dynamique en liaison avec les incendies.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)