9430-2 - Pineraies sèches de Pin à crochets à Ononide à feuilles rondes des Alpes internes

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat propre à certaines vallées des Alpes internes, très bien représenté en Maurienne, entre 1 300 m et 2 300 m (en dessous de 1 600 m, uniquement sur gypse) ; la description qui suit correspond aux forêts de Maurienne.
Sur adret chaud pour la variante xérophile, en exposition intermédiaire (ESE, WSW…) pour la variante mésoxérophile ; donc sur pente et replats (variante mésoxérophile).
Se rencontre donc en montagnard uniquement sur gypse ; à l’étage subalpin : sur calcaires, cargneules et moraines.
Les sols sont variables selon le substrat :
- sols carbonatés le plus souvent, ou légèrement décarbonatés en surface ;
- rendzine sur gypse.

Variabilité

Variations selon les conditions hydriques :
- variante mésoxérophile avec la Bruyère des neiges, Hippocrepis comosa en exposition intermédiaire, avec selon l’altitude :
a) une forme du montagnard, sur gypse où l’Épicéa est absent ;
b) une forme du subalpin inférieur (1 750 m-2 000 m) où l’Épicéa est toujours présent ;
c) une forme du subalpin supérieur à partir de 2 000 m où l’Épicéa disparaît, avec la Laîche toujours verte (Carex sempervirens) et la Dryade à huit pétales (Dryas octopetala);
- variante xérophile avec l’Ononide à feuilles rondes (Ononis rotundifolia), le Laser siler (Laserpitium siler) : en exposition ensoleillée, avec, selon l’altitude :
a) une forme du montagnard sur gypse où l’Épicéa est absent, avec la Coronille minime (Coronilla minima), l’Astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus) ;
b) une forme du subalpin inférieur avec participation de l’Épi- céa et une forte présence de la Seslérie bleue (Sesleria albicans), de Calamagrostis des montagnes (Calamagrostis varia), Valériane des montagnes (Valeriana montana) ;
c) une forme du subalpin supérieur avec la Laîche toujours verte (Carex sempervirens), le Séneçon doronic (Senecio doroni- cum)… ;
- variante très xérophile avec le Sainfoin des rochers (Onobrychis saxatilis) du Queyras, du Briançonnais.

Variations selon les régions :
- les données existantes concernent surtout la Maurienne ; il reste à analyser les éventuelles pineraies du Briançonnais, de la Tarentaise, de l’Ubaye…

Physionomie, structure

Peuplement arborescent largement dominé par le Pin à crochet. L’Épicéa apparaît à l’étage subalpin inférieur sur calcaires, cargneules, moraines (mais manque totalement sur le gypse).
La strate arbustive est fournie en espèces, et parfois relativement dense.
Le tapis herbacé est souvent très largement dominé par le Raisin d’ours (Arctostaphyllos uva-ursi), la Laîche humble (Carex humilis) peut donner des petites taches dispersées.
Les mousses ont un recouvrement faible.

Confusions possibles

Avec les pineraies mésophiles à Erica herbacea dépourvues d’espèces xérophiles.
Avec les pineraies de pin sylvestre, montagnardes à Ononis rotundifolia.

Dynamique

Spontanée :
Il existe peu de données sur les aspects dynamiques.
Cf. schéma du cahier d'habitat.

Liée à la gestion :
Les conditions écologiques sont telles qu’il n’est guère possible de s’écarter du Pin à crochets (ou moins sur gypse et en subalpin supérieur) ; à l’étage subalpin inférieur, il peut y avoir des faciès où l’Épicéa a été avantagé.

Habitats associés ou en contact

Divers types de pelouses à caractères steppiques (UE : 6210).
Fruticées à Épine vinette, Amélanchier.
Végétation des fentes de rochers (UE : 8210).
Pineraies de pin sylvestre.
Éboulis sur calcaires (UE : 8130).
Végétation de dalles rocheuses (UE : 6110).
Faciès d’embroussaillement (UE : 6210).
Pâturages.
Prairies de fauche montagnardes (UE : 6520).

Répartition géographique

Alpes internes : bien connue en vallée de la Maurienne. Répartition à préciser en Tarentaise, Ubaye, Queyras, Briançonnais.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat en limite d’aire en France où il présente une aire de répartition assez restreinte.
—› Type d’habitat assez rare.
Grand intérêt des peuplements sur gypse.
Cortèges floristiques originaux par les groupes écologiques réunis.
Participe à des mosaïques d’habitat du plus grand intérêt compte tenu des conditions variées offertes aux espèces végétales et animales.

États de conservation

États à privilégier :
La rareté du type en France, son état subnaturel laissant des structures plus ou moins denses font privilégier tous les états, y compris les états pionniers qui semblent conduire au type d’habitat :
- pineraies denses de Pin à crochets ;
- peuplements clairs ;
- fruticées avec quelques pins.

Tendances et menaces

Surface tendant à la stabilité.
Avec une légère progression aux dépens d’espaces anciennement pâturés.
Peu de menaces potentielles :
- risques d’incendies en périodes sèches.

Potentialités intrinsèques de production

Quelle qu’en soit la variante, xérophile ou mésoxérophile, la production ligneuse de cet habitat est dérisoire (environ 0,75 m3/ha/an) tout comme les volumes accumulés sur pied (de l’ordre de 50 m3/ha) ou le diamètre des tiges.

Axes de recherche

La recherche exhaustive de ce type d’habitat en France est à initier.
Une meilleure connaissance de cet écosystème serait à mettre en œuvre dans le cadre éventuel de réserves biologiques.
Repérage des espèces protégées associées (Sabot de Vénus). Travaux restant à mener sur les modalités de la dynamique de reconstitution à partir des pelouses en déprise.
Recherches à initier pour préciser l’aire de distribution de ce type d’habitat (en particulier en Briançonnais et en Tarentaise).

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)