1140-7 - Sables supralittoraux avec ou sans laisses à dessiccation rapide (Méditerranée)

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Attention

Les unités marines des Cahiers d'Habitats ne sont plus utilisées suite à la publication de l'interprétation française des HIC marins (de Bettignies et al., 2021). L’interprétation française de l'unité HIC est disponible ici, ainsi que les correspondances avec la typologie nationale d'habitats benthiques (NatHab-Med).

Caractéristiques stationnelles

Zone correspondant à la haute plage qui n'est humectée par la mer que pendant les tempêtes. Certaines surfaces échappent cependant à la submersion totale, mais reçoivent une forte quantité d'embruns provenant des déferlements des vagues en contrebas. La physionomie de la haute plage va d'un sable fluide sur sable compact à la présence de plaques salines plus ou moins humides sur sable bulleux.
En surface, l'humidification des sables est liée aux embruns salés provenant du déferlement des vagues à la côte, principale cause de la salure du sable, et à l'humidité de l'air nocturne. Mais seuls les deux ou trois premiers centimètres sont affectés et ils s'assèchent rapidement sous l'action du soleil. En profondeur, l'humidité du sable résulte de la proximité de la nappe phréatique dont l'eau est plus ou moins dessalée.
La température est très variable et les écarts journaliers peuvent être extrêmement élevés : de 0 à 20 °C en hiver, 50 °C en été. Ces températures peuvent être létales pour les invertébrés vivant dans les sables.
Les matières organiques d'origine exogène sont apportées par la mer lors des tempêtes ou proviennent de la terre, elles sont de nature et de quantité variables dans le temps et suivant les lieux : troncs, morceaux de bois, matériaux détritiques qui constituent les laisses des mers, algues, phanérogames, débris végétaux anthropiques, organismes marins morts, éléments d'origine éolienne (feuilles, insectes), écume des vagues constituée par les éléments figurés ou non du plancton marin transporté par le vent.
À ces apports s'ajoute une quantité non négligeable de détritus d'origine humaine, biodégradables ou non, transportés par la mer ou par les touristes lors de la fréquentation de la haute plage.

Variabilité

La variabilité peut être liée à la granulométrie du sédiment qui est plus ou moins enrichi en éléments fins et donc plus ou moins compacté.
On observe également une certaine variabilité selon la quantité et la nature des apports organiques (laisses de mer), l'orientation et le degré de protection de la haute plage considérée et du niveau d'humidité rémanent. Ainsi, différents faciès ont été décrits :
- faciès des sables sans végétation avec débris dispersés ;
- faciès des dépressions à humidité résiduelle ;
- faciès des laisses à dessiccation rapide ;
- faciès des troncs d'arbres échoués.

Espèces "indicatrices"

Insectes : Phaleria provincialis, Cicindela sp., Bledius arenarius, Bledius juvencus, Tridactylus variegatus.
Arachnide : Arctosa perita.
Crustacés amphipodes : Talitrus saltator, Orchestia stephenseni.
Crustacés isopodes : Porcellio sp.
À ces espèces peuvent s'ajouter des insectes exogènes trouvant un abri, ainsi que des xylophages.

Confusions possibles

La confusion est essentiellement d'ordre altitudinal : elle peut porter, lorsque la mer est basse, sur la biocénose des sables médiolittoraux (moyenne plage, fiche : 1140-9). Les sables médiolittoraux restent malgré tout nettement plus humides en profondeur.

Correspondances

Typologie ZNIEFF-Mer (1994) : I.2.1
Typologie EUNIS (1999) : A2.5

Habitats associés ou en contact

Contact supérieur avec la végétation annuelle des laisses de mer présente dans l'adlittoral (UE : 1210).
Contact inférieur avec la moyenne plage : biocénose des sables médiolittoraux (fiche : 1140-9).

Répartition géographique

Cet habitat est présent au niveau des hautes plages de toutes les anses sableuses ou grandes plages du Languedoc-Roussillon, des côtes de Camargue, ainsi que dans les anses sableuses des côtes de la partie est de la Provence et de la Corse.

Valeur écologique et biologique

Zones de transition avec le milieu terrestre et de transfert de matériels et de polluants entre la terre et la mer par l'intermédiaire de la pluie, du vent et des organismes vivants (animaux et homme).
La productivité de cet habitat est très mal connue mais probablement non négligeable en raison des transferts terre-mer qui s'effectuent à son niveau.
Aire de nourrissage pour les oiseaux grâce à la présence des nombreux crustacés.

Tendances et menaces

Ce type de milieu est particulièrement soumis au piétinement et aux rejets anthropiques. Le piétinement, effet, modifie la compacité des sédiments et le pouvoir de rétention ou de drainage du sable.
Ces hautes plages sont susceptibles d'être affectées par des nappes d'hydrocarbures, après des accidents en mer.
Cette zone fait l'objet de nettoyages massifs détruisant non seulement la faune associée aux laisses mais privant également le milieu de l'apport de matériel organique qui lui est nécessaire (voir à ce sujet l'importance des banquettes de Posidonies, Posidonia oceanica, fiche : 1120-1).
Cette habitat constitue une zone de transfert et de percolation de certains polluants provenant du domaine terrestre.

Modes de gestion recommandés

D'une manière générale, il est recommandé d'intervenir le moins possible, mais plutôt de prévoir une gestion préventive en restreignant l'accès et en réglementant strictement les rejets.
Limiter le nettoyage aux macrodéchets en évitant l'utilisation de moyens lourds.
Envisager des plans de protection en cas de pollution par les hydrocarbures (plan Polmar).

Axes de recherche

Il conviendrait d'étudier la dynamique des apports sédimentaires et organiques nécessaires au maintien de l'équilibre de l'habitat. De telles recherches doivent porter sur l'ensemble des étages supra- et médiolittoral sur la partie supérieure de l'étage ainsi qu'infralittoral, soit la haute, la moyenne et la basse plage, qui sont totalement interdépendants sur le plan écologique, mais aussi des usages et de la gestion.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom. (Source)

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