ZNIEFF 310013693
Marais du Haut Pont

(n° régional : 01060001)

Commentaires généraux

Le Marais du Haut-Pont appartient au système écologique de la basse vallée de l’Authie, entité naturelle marquant la frontière entre l’Artois et la Picardie. Cette ZNIEFF située en amont du village de Douriez s’étend sur la rive droite de l’Authie entre le lit mineur du fleuve au Sud et le canal de dessèchement au Nord. Il repose sur des alluvions tourbeuses drainées par un réseau de chenaux dont certains sont parcourus de ruisseaux aux eaux claires alimentés par des sources.

Le Marais du Haut-Pont présente à l'Est une dominance de boisements marécageux naturels (saulaies et aulnaies inondables) tandis que les terrains communaux à l'Ouest accueillent davantage de milieux herbacés plus ou moins hygrophiles (prairies, roselières et mégaphorbiaies). Ces derniers, déjà présents dans les années 1990, ont sensiblement voire nettement évolué depuis l'exploitation des peupliers réalisée après 2010 suite au pâturâge bovin et équin mis en place depuis. Quelques étangs de chasse ponctuent le site. Les milieux aquatiques sont très diversifiés avec le cours de l’Authie, le canal de dessèchement et le réseau de fossés et chenaux de drainage, ainsi que quelques mares et étangs de chasse dont certains sont anciens, étant issus de l’extraction de la tourbe. Un camping est installé au Nord, à la périphérie de la ZNIEFF. Les activités humaines dominantes sont la chasse aux oiseaux d’eau (une demi-douzaine d’étangs de chasse) et à la botte.


La partie occidentale du marais du Haut-Pont fait l’objet d’une convention de gestion entre la commune de Douriez et le Conservatoire d’espaces naturels de la région Hauts-de-France.


Finalement, le Marais du Haut-Pont présente l’ensemble des composantes des milieux marécageux avec des prairies humides, des cariçaies, des roselières, des mégaphorbiaies et des boisements turficoles.


La faune patrimoniale du Marais du Haut-Pont compte treize espèces déterminantes de ZNIEFF.

Chez les oiseaux, la large répartition des roselières et des saulaies favorise l’installation des fauvettes paludicoles, notamment la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti) et le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus), deux espèces vulnérables dans le Nord et le Pas-de-Calais (GODIN, 2003). En période nuptiale, le Marais du Haut-Pont peut accueillir des populations de chanteurs comptant plusieurs individus. La Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica) et le Râle d’eau (Rallus aquaticus) occupent aussi certains secteurs du marais. Le Martin-pêcheur (Alcedo atthis) trouve sa ressource alimentaire dans les eaux des étangs et des cours d’eau. Cette espèce inscrite en annexe I de la Directive « Oiseaux » doit faire l’objet de mesures spéciales de conservation au niveau européen, particulièrement en ce qui concerne son habitat. Cependant, la nidification de ces six espèces déterminantes ZNIEFF n’est plus avérée depuis 2010 (2005 pour la Gorgebleue et le Râle d'eau), une actualisation des connaissances du site est donc nécessaire. On peut également noter l’intérêt fonctionnel du marais en tant que site d’hivernage pour la Grande aigrette (Ardea alba), considérée comme vulnérable en France à cette période de l’année (SANTUNE & VANAPPELGHEM, 2005). La Spatule blanche (Platalea leucorodia), qui niche depuis 2009 dans le Nord et le Pas de Calais, y a aussi été observée en halte migratoire postnuptiale.
L’intérêt du marais pour les Amphibiens se manifestait par la présence du Triton alpestre (Ichtyosaura alpestris), espèce anciennement déterminante ZNIEFF. Les données sur ce groupe sont cependant elles-aussi datées et nécessitent une actualisation.

Les insectes sont représentés par huit espèces déterminantes de ZNIEFF : trois espèces d’Odonates, trois espèces d’Orthoptères et deux espèces de Papillons « de jour ».

Parmi les trois espèces d’Odonates, on peut signaler l’Agrion délicat (Ceriagrion tenellum), rare et vulnérable dans le Nord et le Pas-de-Calais, observé de 2010 à 2016 sur le site. La répartition régionale de cette espèce suit celle des vallées tourbeuses, notamment celle de l’Authie (GODIN, 2003). Bien que localisées, ses populations peuvent être relativement abondantes dans le Marais du Haut-Pont. Le Leste fiancé (Lestes sponsa), peu commun et quasi menacé, et l’Agrion joli (Coenagrion pulchellum), assez commun et quasi menacé viennent compléter la liste, faisant de Marais du Haut Pont un site de grand intérêt pour les Odonates menacés de la région. Trois espèces d’Orthoptères hygrophiles ont été recensés dans la ZNIEFF : le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), assez rare dans le Nord et le Pas-de-Calais et qui décline en France depuis plusieurs décennies, le Criquet des clairières (Chysocraon dispar), assez rare et le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis), assez commun ; ils occupent les prairies situées entre l’Authie et les marais boisés. Le Criquet ensanglanté et le Criquet des clairières apprécient particulièrement les pâtures à hautes herbes dans les secteurs les plus humides. Le pâturage intensif qui induit un piétinement excessif du sol et une végétation herbacée rase semble nettement défavorable à ces espèces, tout comme l’absence de pâturage qui provoquerait une fermeture du site. Une gestion précise et adaptée est nécessaire pour préserver ces espèces.

Mentionnons également le Tabac d’Espagne (Argynnis paphia), peu commun, à affinité forestière.

Commentaires sur la délimitation

Situé en amont du village de Douriez, le Marais du Haut-Pont s’étend sur la rive droite de l’Authie dans le fond de la vallée. Il est enserré entre les méandres de l’Authie et le canal de dessèchement, parallèle au fleuve, qui en constitue la limite septentrionale. A l’Ouest, le périmètre de la ZNIEFF est matérialisé par le cours du fleuve qui constitue la limite administrative avec le département de la Somme. Au Sud, le périmètre de la ZNIEFF suit la limite du territoire de la commune de Ponches-Estruval, elle aussi située dans la Somme. Le périmètre de la ZNIEFF de première génération a fait l’objet de quelques rectifications à la marge afin d’assurer sa cohérence écologique et administrative.

Des prospections réalisées en 2021 au nord du canal de dessèchement conduisent à proposer une extention qui correspont notamment à de nouvelles acquisitions du Conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France. On y retrouve des végétations similaires à celle déjà incluses dans la ZNIEFF. On notera la présence notamment d'une végétation du Caricetum paniculatae qui abrite notamment de la Fougère des marais ainsi que des végétations de mégaphorbiaies pouvant relever du Valeriano repentis - Circietum oleracei. Certaines parties boisées, difficiles d'accès, semblent relever d'une Aulnaie à Fougère des marais. On pourra également noter la présence de Juncus subnodulosus renforçant le caractère turficole de la zone.