Les habitats en place correspondent à des stades typiques des tourbières plates minérotrophes, mésotrophes à eutrophes. A proximité de la Somme (Séraucourt-le-Grand), les végétations peuvent également se rapprocher des végétations propres aux systèmes plus eutrophes des vallées alluviales compte tenu des inondations régulières et de l’apport de sédiments minéraux (vases, limons) .
En situation aquatique, ce type de tourbière est bien caractérisé par divers herbiers dont certains herbiers à Characées et nitelles (Nitella syncarpa notamment), puis le Nymphaeo albae – Nupharetum luteae. Dans les zones de plus bas niveau trophique , des herbiers à Potamot coloré (Potamogeton coloratus) ont été notés. Les formations flottantes à utriculaires (Utricularia vulgaris) et à Morène (Hydrocharis morsus-ranae) sont également présentes dans les étangs.
Les végétations caractérisant les stades terrestres de ces tourbières sont principalement des formations de grandes hélophytes sur tourbe comme le Thelypterido palustris – Phragmitetum australis et le Cladietum marisci. Dans ces végétations, plusieurs espèces indicatrices des tourbières actives sont présentes : Laiche filiforme (Carex lasiocarpa), Laiche à bec (Carex rostrata), Epilobe des marais (Epilobium palustre) et Potentille des marais (Comarum palustre).
D’autres hélophytes des marais alcalins à tendance tourbeuse sont présentes comme la Grande douve (Ranunculus lingua), le Peucédan des marais (Peucedanum palustre) ainsi que d’autres espèces déterminantes localisées aux végétations de bas-marais alcalin : Jonc noueux (Juncus subnodulosus), Hydrocotyle commune (Hydrocotyle vulgaris), Laiche à fruits écailleux (Carex lepidocarpa)… Dans ces végétations, des formations à Sphaignes (Sphagnum subnitens) sont également présentes ponctuellement.
Une large part de la ZNIEFF est occupée par des formations ligneuses typiques de ces tourbières ; Alno glutinosae-Salicetum cinerea riches en fougère des marais (Thelypteris palustris) et qui héberge, dans ses formes les plus évoluées, la rare Fougère à crête (Dryopteris cristata), dont la vallée de la Somme constitue l’un des principaux bastions en France. Des aulnaies (Groupement à Alnus glutinosa et Thelypteris palustris, Cirsio oleracei-Alnetum glutinosae) hébergent également des populations d’espèces déterminantes. Le site de Seraucourt-le-Grand comporte des aulnaies-frênaies sur tourbe enrichies en espèces des forêts alluviales et fontinales : Merisier à grappes (Prunus padus), Laiche espacée (Carex remota), Prêle d’Ivoire (Equisetum telmateïa) et comportant des populations importantes de Cassissier noir (Ribes nigrum). Ces végétations forestières sont très originales à l’échelle des plaines du nord de la France et présentent un état de conservation relativement bon (présence de stades dynamiques diversifiés, de bois mort…). Elles offrent de fortes potentialités pour des groupes taxonomiques non encore étudiés : coléoptères saproxiliques, lépidoptères hétérocères, champignons,...
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